Kréyol Factory 2009 @ Grande Halle de la Villette
Exposition Kréyol Factory
Grande Halle de la Villette
Du 7 avril au 5 juillet 2009
De 14h à 22h du mardi au jeudi
De 11h à 19h du vendredi au dimanche
Créole ou Kréyol : des senteurs de vanille, le rouge des hibiscus, la couleur ambrée du rhum, la pluie des tropiques, des lambis venus des profondeurs… et une nuit qui tombe comme un rideau . Non, Kréyol Factory ne goûte pas de cet exotisme là, habit de madras d’une réalité rarement regardée en face… une réalité que l’Occident des Lumières a fini de façonner dans le déni de ses idéaux, pour la richesse de son empire.
Les mondes créoles sont nés dans la violence de la prédation, de la disparition des uns - les Amérindiens - et de la fusion forcée d’autres venus d’univers que des océans séparaient.
Qu’est-ce qu’être créole aujourd’hui, créole caribéen ou indo-océanien, dans l’hyper modernité du XXIe siècle où les identités se diluent dans un grand brassage planétaire ?
Africains, européens, indiens, chinois, libanais, hmongs, tout à la fois, les mondes créoles seraient des « condensés de mondialisation », des laboratoires pour le Vieux Monde qui n’a pas encore appris à être multiple.
Avec la pensée structurante de Stuart Hall.1, la libre complicité de soixante artistes, plasticiens, photographes, vidéastes et les témoignages recueillis par quelque dix-huit documentaristes, Kréyol Factory s’emploie, en dénouant les fils d’une apparente complexité, à rapprocher archipels et continents pour n’en faire plus qu’une gigantesque Créole factory.2
Yolande Bacot
Commissaire
-------
Ils viennent des Antilles, de Saint-Domingue, d'Haïti, mais aussi de Paris ou de Londres... Pour la première fois, une exposition réunit à la Villette les œuvres d'artistes créoles. A l'heure d'une brûlante actualité, rencontre avec un art mélangé qui ne cesse d'interroger ses origines.
De nombreuses expositions ont, ces dernières années, été organisées en France métropolitaine, pour présenter des artistes venus des horizons les plus éloignés - Chine, Corée ou Inde. Mais, jusqu'à présent, les Créoles n'avaient pas eu l'honneur, ni même l'occasion, de se montrer. Coïncidence du calendrier : l'exposition que propose aujourd'hui la Grande Halle de la Villette, à Paris, pour réparer cette « omission » s'ouvre alors qu'à la Martinique et à la Guadeloupe l'embrasement social est à peine éteint. Ce télescopage entre événement artistique et actualité politique est d'autant plus prégnant que Kréyol Factory est une manifestation d'importance, qui présente une soixantaine de plasticiens venant de Guadeloupe ou de Martinique, mais aussi de Jamaïque, d'Haïti ou de République dominicaine... sans oublier la diaspora établie à Paris, à Londres ou à Miami.
Mais des individus vivant dans des contrées si disparates peuvent-ils partager les mêmes valeurs et les mêmes idéaux ? « Si différents soient-ils, répond Yolande Bacot, commissaire de l'exposition, ils conservent un fonds commun qui vient de leur histoire. » Elle signe l'« identité créole », qui, comme l'explique l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, repose « sur un lieu originel et une matrice fondatrice : le gouffre du bateau négrier et la plantation esclavagiste ».
Kréyol Factory montre que cette blessure est loin d'être cicatrisée. Les artistes restent hantés par la mémoire de leurs ancêtres africains, qui, après avoir été capturés, ont traversé, par millions, l'océan Atlantique ou l'océan Indien, obligés de vendre leur sueur dans les îles sucrières, réservoirs de richesse de l'Europe. « En moins de trois siècles, rappelle Patrick Chamoiseau, toutes les races, toutes les religions, toutes les visions du monde sont venues se fracasser dans les plantations esclavagistes. »
Genèse de l'exposition
Pourquoi une telle exposition n'a-t-elle jamais été organisée en métropole ? Yolande Bacot, la commissaire, avance une explication : « Pour les Antilles, comme pour l'Algérie, les Français ont du mal à affronter leur histoire, à effectuer un travail d'analyse et de mémoire. » L'idée, de fait, est née récemment, quand, en 2006, Jacques Martial, d'origine guadeloupéenne, est nommé à la tête duParc de la Villette. « Je pensais, explique-t-il, qu'il était urgent de parler de cette identité particulière des mondes créoles, qui, héritée de l'esclavage et de la colonisation, participe de la réalité française. Car elle suscite beaucoup de questionnements. »
Les événements lui ont donné raison. Le mouvement social antillais confère à cette exposition une actualité brûlante. Et l'on ne pourra pas la visiter sans établir des rapprochements. « J'espère, dit le photographe David Damoison, l'un des artistes, que les visiteurs comprendront que la crise actuelle est plus profonde qu'un problème d'augmentation de salaire. »
« Les Antilles sont considérées comme la danseuse de la République française, tempête Alex Burke. Mais, s'il y a des gens qui profitent de la situation, c'est la poignée de colons qui depuis toujours détiennent l'économie de l'île, sans jamais l'avoir développée, et cela avec la complicité des hommes politiques. » Jacques Martial : « Certains enjeux de la crise que traversent actuellement les Caraïbes y sont contenus. Car il y est question du rapport de classes, de forces et de races qui perdure là-bas depuis des siècles. »
Pour plus d'informations:
http://www.kreyolfactory.com/expositions/index.html
Dimanche 21 juin 2009
Lieu :
Madagascar - 75935 PARIS CEDEX 19
211, AVENUE JEAN JAURÈS
211, AVENUE JEAN JAURÈS
Date / Horaire :
Du 21 juin 2009 à 11:00h au 07 juillet 2009 à 22:00h
Culture : Afrique du Sud
, Angola
, Bénin
, Botswana
, Burkina Faso
, Burundi
, Cameroun
, Cap-Vert
, Centrafrique
, Congo
, Congo (RDC)
, Côte-d'Ivoire
, Djibouti
, Erythrée
, Ethiopie
, Gabon
, Gambie
, Ghana
, Guinée
, Guinée Bissau
, Guinée Equiatoriale
, Kenya
, Lesotho
, Libéria
, Madagascar
, Malawi
, Mali
, Mauritanie
, Mozambique
, Namibie
, Niger
, Nigeria
, Ouganda
, Rwanda
, Sao Tomé
, Sénégal
, Sierra Leone
, Somalie
, Soudan
, Swaziland
, Tanzanie
, Tchad
, Togo
, Zambie
, Zimbabwe
Genre d'événement:
Société
Exposition Kréyol Factory
Grande Halle de la Villette
Du 7 avril au 5 juillet 2009
De 14h à 22h du mardi au jeudi
De 11h à 19h du vendredi au dimanche
Créole ou Kréyol : des senteurs de vanille, le rouge des hibiscus, la couleur ambrée du rhum, la pluie des tropiques, des lambis venus des profondeurs… et une nuit qui tombe comme un rideau . Non, Kréyol Factory ne goûte pas de cet exotisme là, habit de madras d’une réalité rarement regardée en face… une réalité que l’Occident des Lumières a fini de façonner dans le déni de ses idéaux, pour la richesse de son empire.
Les mondes créoles sont nés dans la violence de la prédation, de la disparition des uns - les Amérindiens - et de la fusion forcée d’autres venus d’univers que des océans séparaient.
Qu’est-ce qu’être créole aujourd’hui, créole caribéen ou indo-océanien, dans l’hyper modernité du XXIe siècle où les identités se diluent dans un grand brassage planétaire ?
Africains, européens, indiens, chinois, libanais, hmongs, tout à la fois, les mondes créoles seraient des « condensés de mondialisation », des laboratoires pour le Vieux Monde qui n’a pas encore appris à être multiple.
Avec la pensée structurante de Stuart Hall.1, la libre complicité de soixante artistes, plasticiens, photographes, vidéastes et les témoignages recueillis par quelque dix-huit documentaristes, Kréyol Factory s’emploie, en dénouant les fils d’une apparente complexité, à rapprocher archipels et continents pour n’en faire plus qu’une gigantesque Créole factory.2
Yolande Bacot
Commissaire
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Ils viennent des Antilles, de Saint-Domingue, d'Haïti, mais aussi de Paris ou de Londres... Pour la première fois, une exposition réunit à la Villette les œuvres d'artistes créoles. A l'heure d'une brûlante actualité, rencontre avec un art mélangé qui ne cesse d'interroger ses origines.
De nombreuses expositions ont, ces dernières années, été organisées en France métropolitaine, pour présenter des artistes venus des horizons les plus éloignés - Chine, Corée ou Inde. Mais, jusqu'à présent, les Créoles n'avaient pas eu l'honneur, ni même l'occasion, de se montrer. Coïncidence du calendrier : l'exposition que propose aujourd'hui la Grande Halle de la Villette, à Paris, pour réparer cette « omission » s'ouvre alors qu'à la Martinique et à la Guadeloupe l'embrasement social est à peine éteint. Ce télescopage entre événement artistique et actualité politique est d'autant plus prégnant que Kréyol Factory est une manifestation d'importance, qui présente une soixantaine de plasticiens venant de Guadeloupe ou de Martinique, mais aussi de Jamaïque, d'Haïti ou de République dominicaine... sans oublier la diaspora établie à Paris, à Londres ou à Miami.
Mais des individus vivant dans des contrées si disparates peuvent-ils partager les mêmes valeurs et les mêmes idéaux ? « Si différents soient-ils, répond Yolande Bacot, commissaire de l'exposition, ils conservent un fonds commun qui vient de leur histoire. » Elle signe l'« identité créole », qui, comme l'explique l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, repose « sur un lieu originel et une matrice fondatrice : le gouffre du bateau négrier et la plantation esclavagiste ».
Kréyol Factory montre que cette blessure est loin d'être cicatrisée. Les artistes restent hantés par la mémoire de leurs ancêtres africains, qui, après avoir été capturés, ont traversé, par millions, l'océan Atlantique ou l'océan Indien, obligés de vendre leur sueur dans les îles sucrières, réservoirs de richesse de l'Europe. « En moins de trois siècles, rappelle Patrick Chamoiseau, toutes les races, toutes les religions, toutes les visions du monde sont venues se fracasser dans les plantations esclavagistes. »
Genèse de l'exposition
Pourquoi une telle exposition n'a-t-elle jamais été organisée en métropole ? Yolande Bacot, la commissaire, avance une explication : « Pour les Antilles, comme pour l'Algérie, les Français ont du mal à affronter leur histoire, à effectuer un travail d'analyse et de mémoire. » L'idée, de fait, est née récemment, quand, en 2006, Jacques Martial, d'origine guadeloupéenne, est nommé à la tête duParc de la Villette. « Je pensais, explique-t-il, qu'il était urgent de parler de cette identité particulière des mondes créoles, qui, héritée de l'esclavage et de la colonisation, participe de la réalité française. Car elle suscite beaucoup de questionnements. »
Les événements lui ont donné raison. Le mouvement social antillais confère à cette exposition une actualité brûlante. Et l'on ne pourra pas la visiter sans établir des rapprochements. « J'espère, dit le photographe David Damoison, l'un des artistes, que les visiteurs comprendront que la crise actuelle est plus profonde qu'un problème d'augmentation de salaire. »
« Les Antilles sont considérées comme la danseuse de la République française, tempête Alex Burke. Mais, s'il y a des gens qui profitent de la situation, c'est la poignée de colons qui depuis toujours détiennent l'économie de l'île, sans jamais l'avoir développée, et cela avec la complicité des hommes politiques. » Jacques Martial : « Certains enjeux de la crise que traversent actuellement les Caraïbes y sont contenus. Car il y est question du rapport de classes, de forces et de races qui perdure là-bas depuis des siècles. »
Pour plus d'informations:
http://www.kreyolfactory.com/expositions/index.html
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