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À l'approche de la 2e conférence européenne sur le racisme anti-noir en Europe, le CRAN dénonce des bavures policières
JEUNE NOIR TUÉ PAR LA POLICE. UN AUTRE VIOLENTÉ POUR SON PROFIL DEALER
Le CRAN dénonce une pratique policière de destruction en toute impunité du corps Noir ainsi qu’une lutte scélérate contre la drogue.
La police suisse se serait-elle mise avant l’heure à vibrer à la Trumpmania ? Aurait-elle senti venir le triomphe du candidat Trump à la présidence américaine, qui a toujours trouvé justifié le massacre de Noirs par la police ? En moins d’une semaine, celle du canton de Vaud, championne suisse des brutalités policières contre les Noirs, comme on peut le voir à la lecture du volumineux (284 pages) Rapport sur le racisme anti-Noir en Suisse 2000-2014 (téléchargeable gratuitement sur www.cran.ch), s’est lâchée. Deux faits à la fois graves et mortifiants sont venus démontrer, au sein de polices habituées à prendre pour modèle celle des Etats-Unis, négricide par tradition historique1, ce qui s’annonce sans doute comme un renforcement de cette tendance : Black Lives don’t matter !
Les vies Noires ne méritent considération !
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Menacé par un couteau de cuisine, la police crible de balles un jeune Noir
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Selon le communiqué de presse de la police, repris in extenso par les médias, les faits se sont déroulés à Bex (canton de Vaud), dimanche dernier 6 novembre, de la manière suivante :
Vers 22h10, un habitant d'un immeuble a fait appel à la police. Un autre locataire, apparemment perturbé, avait enfoncé la porte d'un appartement situé au-dessus de son propre logement.
Deux patrouilles de la Police du Chablais se sont rendues sur place. Elles sont entrées en contact avec l'homme, un ressortissant de la République démocratique du Congo, âgé de 27 ans. Ce dernier est ressorti armé d'un couteau de cuisine, courant en direction des policiers dans la cage d'escalier.
Après avoir fait la sommation «stop police», un caporal de la police du Chablais a fait usage de son arme de service, tirant à plusieurs reprises en direction de l'agresseur. Blessé, l'homme a été immédiatement pris en charge (...). Il est décédé sur place des suites de ses blessures.
Le CRAN condamne avec la plus grande véhémence ces pratiques policières qui, depuis des années, font du corps Noir un objet destructible à volonté, quasi par instinct et en toute impunité. En cette Décennie (2015-2024) consacrée par l’ONU aux populations d’ascendance africaine et placée notamment sous le signe explicite de la « considération » à leur accorder, le membre de l’ONU qu’est la Suisse se doit de respecter ses engagements internationaux outre sa Constitution (art. 7 sur le devoir de respecter la dignité humaine). L’intégration des populations issues notamment des migrations récentes ne se limite pas à exiger d’elles le seul respect des lois et coutumes du pays. Elle inclut aussi le partage avec les autochtones de mêmes droits, devoirs et protection (art. 8 de la Constitution suisse). Cultiver des pratiques dégradantes, humiliantes et discriminatoires à l’égard de jeunes en particulier est contre-productif pour la cohésion et la paix sociales.
Le CRAN exige des autorités compétentes une enquête à la fois rigoureuse et transparente sur les conditions entourant la mort du jeune Noir. Il y va de la crédibilité de la Suisse et des autorités vaudoises. En décrivant déjà dans son communiqué le jeune Noir comme un « forcené » et en suggérant implicitement aussitôt que le policier tueur a utilisé son arme par légitime défense, la police laisse présager une instruction bâclée. La disproportionnalité flagrante entre la menace (un couteau de cuisine) et la réponse qui y a été donnée (plusieurs balles tirées en étant entouré par quatre autres policiers) devrait plutôt être mise en avant afin de prévenir au sein de la police d’autres réponses aussi disproportionnées.
Le CRAN dénonce pour la énième fois également la lutte scélérate, discriminatoire et raciste, menée par les polices suisses contre les stupéfiants. A géométrie variable, elle ne s’illustre jamais contre les individus Blancs, acheteurs (et gros consommateurs) exclusifs de drogue auprès de quelques jeunes Noirs identifiés comme vendeurs exclusifs. Pourtant la Loi suisse sur les Stupéfiants (art. 19) enjoint ces polices à poursuivre mêmement vendeur et acheteur-consommateur. En outre, la pratique systématique du profilage racial dans les interpellations policières devrait être interdite car source de trop de dérapages.
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Une Conférence pour confronter les expériences européennes
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Le CRAN fait encore une fois l’amer constat que les règles déontologiques les plus élémentaires sont très lacunaires dans les actions de la police. Le CRAN s’interroge en particulier sur le niveau de cette formation de policiers prompts à user d’une arme à feu là où d’autres réflexes devraient être stimulés. La formation de cette police à un meilleur vivre-ensemble et au respect de la dignité humaine, face à des personnes d’origine migrante, s’impose également dans une société dont les responsables politiques semblent aspirer et à la fois œuvrer à « l’intégration des étrangers ». Le CRAN et l’Université populaire africaine se proposent encore une fois de collaborer à une telle formation de la police.
Le CRAN se félicite à cet égard de la tenue prochaine, les 25 et 26 novembre 2016, à Genève (Centre œcuménique des Eglises), de sa 2e Conférence européenne contre le racisme anti-Noir en Europe, avec la participation de plusieurs délégués de différents pays européens ainsi que celle de personnalités Noires de premier plan et très actives dans la lutte contre ce fléau millénaire, à savoir, notamment, Mme Christiane TAUBIRA (ancienne Garde des Sceaux et ministre de la Justice en France ; sous réserve), Mme Cécile Kashetu KYENGE (ancienne ministre de l’Intégration en Italie, d’origine congolaise et actuellement députée européenne), Mme Mireille FANON MENDES-FRANCE (experte internationale et présidente de la Fondation Frantz Fanon, fille de l’illustre philosophe antillais Frantz FANON), M. Doudou DIENE (expert international et ancien Rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme), M. Lilian THURAM (ancien footballeur international et actuellement président de la Fondation Lilian Thuram pour l’éducation antiraciste), etc.
Dix ans après la première édition, il s’agira de présenter des rapports sur différents pays avant de tracer des pistes d’actions communes dans la lutte pour le respect de la dignité et les droits de Noirs en Europe. Les violences et meurtres commis contre des Noirs par la police en toute impunité, les discriminations frappant les compétences Noires, le révisionnisme qui gagne de plus en plus d’historiens européens depuis la Conférence de Durban contre le racisme (2001), l’image des Noirs notamment dans la publicité, ou les questions très spécifiques de migration ou de réparation, seront au centre des réflexions.
Le CRAN tient enfin à présenter ici ses très attristées condoléances à la famille du jeune Congolais tué qui laisse derrière lui, non seulement des parents éplorés mais aussi un fils de 8 ans, ainsi que des frères et sœurs tous vivant en Suisse. Qu’il soit bien reçu et repose en paix au Village éternel des Ancêtres !
En Suisse, comme aux Etats-Unis, en Afrique et partout dans le monde, plus que jamais,
« Black Lives Matter !» Les vies Noires méritent aussi considération !
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Sources:
Communiqué de presse CRAN
Mutombo Kanyana
Simon Mocong pour MiA-culture