Dans société
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ndlr: cet article provient du site finances.net
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L'entree en vigueur progressive d'une nouvelle loi petroliere qui impose aux compagnies operant en Angola de regler leurs depenses en monnaie locale via des banques installees sur place va provoquer une revolution financiere qui suscite l'inquietude.
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"Cette loi est un grand defi pour le systeme bancaire angolais, qui va
devoir faire face a un afflux massif de capitaux et a une augmentation du
nombre de transactions pour repondre aux besoins des secteurs pétroliers",
affirme Salim Valimamade, professeur d'économie à l'Université catholique
angolaise.
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"Elle devrait permettre le développement du secteur financier et
encourager l'innovation. Mais elle pourrait également se solder par un
accroissement rapide des résultats des banques, un terrain propice à la prise
de risque et à l'explosion du recours au crédit", souligne le Fonds
monétaire international (FMI).
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Dans les cartons depuis plusieurs années mais adoptée seulement en novembre
2011, la loi impose aux compagnies pétrolières et à leurs prestataires de services
de payer, depuis octobre 2012, leurs dépenses opérationnelles via un compte
bancaire domicilié en Angola.
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En outre, à partir du 1er juillet 2013, ces paiements, jusqu'à présent
largement réalisés à l'étranger et en dollars, devront être effectués en
kwanzas angolais.
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Un changement de taille, puisqu'il concerne le premier secteur productif du
pays, l'industrie pétrolière générant 75% des recettes et 45% du produit
intérieur brut (PIB) de l'Angola, deuxième producteur de pétrole africain après
le Nigeria.
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"Cela nous permettra de gérer les flux financiers du pétrole grâce aux
capitaux qui passeront désormais par la banque centrale d'Angola, et cela va
aussi doper l'économie nationale et équilibrer le marché des changes dans le
pays", avait expliqué le gouverneur de la banque centrale, José Massano,
lors de l'entrée en vigueur de la loi.
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Outre le développement et la modernisation des secteurs bancaires et
financiers, l'Angola souhaite avec cette mesure réduire l'importance du dollar
dans son économie et encourager sa diversification afin de diminuer sa
dépendance au pétrole.
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Reste que les acteurs économiques et les observateurs ont des doutes sur la
capacité du secteur bancaire, qui n'accueille pour l'instant que très peu de
banques d'envergure internationale, à gérer les 10 milliards de dollars qui
devraient entrer dans le pays chaque année.
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"Pour les paiements des fournisseurs étrangers, le processus d'approbation
des contrats et de chaque paiement par la banque centrale angolaise, instauré
par la loi pour permettre une gestion des liquidités dans le pays, doit être
efficace pour éviter les risques d'impayés et ne pas générer d'arrêt de
production des installations off-shore très coûteuses", indique Jean-Louis
Gelot, le président de l'Association des entreprises de service de l'industrie
pétrolière angolaise (AECIPA).
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"La loi va entraîner des frais de change de devises ce qui va augmenter le
prix des services facturés par les prestataires aux compagnies pétrolières et
donc le coût global de la production de pétrole", s'inquiète José de
Oliveira, universitaire et consultant dans le domaine pétrolier.
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La banque centrale angolaise a également souligné la nécessité de garantir la
stabilité de la monnaie nationale, des réserves de change et du volume de liquidités
en circulation pour éviter toute inflation et tout déséquilibre budgétaire.
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Les banques ont toutes créé un département spécial, dédié au secteur pétrolier
et doivent mettre en place des services financiers et bancaires adaptés, alors
que la banque centrale angolaise multiplie les rencontres et les formations.
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Les compagnies pétrolières présentes (Total, BP, Chevron, Exxon, Statoil et
ENI) soulignent que la mise en oeuvre de la réforme se fait de façon
progressive, pour éviter tout blocage.
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"Nous payerons bien nos salaires en kwanzas à partir de juillet mais ils
continueront à être indexés sur le dollar pendant plusieurs mois, le temps de
mettre au point notre système de paiement et afin de garantir le pouvoir
d'achat de nos salariés pendant cette période de transition", explique
Paulo Pizarro, porte-parole de BP.
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Nombre d'acteurs s'interrogent enfin sur les conséquences de la loi en termes
de transparence des revenus du pétrole et de bonne gouvernance financière,
alors que l'Angola figure à la 157e position sur 176 pays, selon le dernier
classement sur la perception de la corruption réalisé par l'ONG Transparency
international.
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Mais pour Alex Vines de l'institut londonien Chatham House, il pourrait s'agir
d'une bonne nouvelle: "L'arrivée de banques internationales dans le pays,
venant concourir pour obtenir les comptes des compagnies pétrolières, pourrait
être un facteur d'amélioration de la transparence."
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em/liu/cpb/abx
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Sources: finances.net
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Autre liens utiles: cameroonvoice.com