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Le CRAN dénonce la stigmatisation des Noirs dans les médias en Suisse

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NDLR: 

Voici un texte tiré de la lettre ouverte du CRAN contre "Temps Présent" et la police lausannoise, que nous avons jugé opportun de publier dans un souci d'égalité dans le traitement de l'information.

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Le CRAN dénonce les spectacles publics de stigmatisation et d’humiliation des Noirs, ou le retour en Suisse, Etat de droit, des zoos humains et des images de l’Apartheid.

A M. Grégoire JUNOD, Chef du Département de la Sécurité publique, Ville de Lausanne, A M. Jean-François ROTH, Président de la Radio Télévision Suisse-romande (RTSR)

Chers Messieurs,

Le 14 mars dernier, en collaboration avec la police lausannoise, la Radio & Télévision Suisseromande (RTSR) a diffusé un reportage du célèbre magazine d’information Temps présent : www.rts.ch/emissions/temps-present

Intitulée fort à propos « Guerre aux dealers », cette émission a retenu notre attention. Nous ne pouvons pas ne pas vous faire part de nos observations et recommandations.

En effet, le reportage aligne, sans aucune distance critique, tous les fondamentaux de la criminalisation au faciès des Noirs : interpellations sur la base de l’équation «dealer = Africain = Noir», violence brutale gratuite, parcage dans des camps de concentration à ciel ouvert et en pleine ville, exhibition de
l’humiliation, etc. 

On ne peut s’empêcher de voir dans tout cela des références historiques qui fondent le subconscient collectif des Africains comme des Européens : pratiques découlant des Codes Noirs esclavagistes, Noirs livrés au spectacle de badauds dans les zoos humains et autres foires qui ont égayé les villes d’Europe et d’Amérique durant plus de deux siècles, arrestation de masse des Noirs durant l’époque de l’Apartheid en Afrique du Sud, etc. Grâce aux cameras de la TV et au montage ad hoc des images, la police lausannoise a pu se mettre en scène d’une manière qui la valorisait tout en dévalorisant l’Etat de droit Suisse. La complicité tissée pendant 70 jours avec l’équipe de Temps Présent, lui a permis de médiatiser encore mieux ses interventions sur la scène locale de la répression de la drogue.

Certes, si les actions menées par la police lausannoise ont surtout pour objectif de lutter contre une criminalité qui a propulsé la ville au premier rang suisse et qui, outre le trafic de drogue, est amplifiée également par les débordements de la vie nocturne, la mendicité, les vols et cambriolages. Il est évident que de toutes les mesures et actions à mener spécifiquement contre des personnes marquées par la grande visibilité de leur apparence physique (Noirs dans un environnement Blanc) et de leur lieu d’action (l’espace public), les risques de dérapage et de stigmatisation ne sont pas loin. En même temps, cette double visibilité assure une rentabilité maximale en termes de sympathie populaire et de gloriole.

Avec la RTSR à son service, et comme cela est déjà arrivé à d’autres occasions (voir nos communiqués de presse, notamment du 20.12.2011), la police lausannoise a cédé à cette dérive, d’autant qu’elle faisait face à une population de jeunes Noirs abandonnés de tous, vulnérables et exposés à toutes les exactions.


Au vu de ce qui précède,

Le CRAN rappelle avant tout son attachement à l’Etat de droit et au respect de la Constitution fédérale qui garantit à toute personne le respect de la dignité humaine (art. 8) et la protection contre l’arbitraire (art. 9). Il condamne par conséquent toute forme de criminalité, y compris au sein de toute communauté.

La répression de cette criminalité ne peut qu’être soutenue. Toutefois, elle doit impérativement respecter les droits humains les plus fondamentaux, en l’occurrence le droit au respect de sa dignité et à un égal traitement, indépendamment de la couleur de la peau.

C’est pourquoi le CRAN ne peut que dénoncer les dérives constatées, souvent récurrentes, notamment :
1. Le CRAN dénonce l’approche discriminatoire et raciste du reportage de Temps Présent : « Guerre aux dealers » = Guerre aux Noirs, « tous dealers » ?

Le reportage commence déjà par ce constat très spécieux : « La première chose qui frappe à Lausanne, c’est ça : ce sont les dealers ! ». Ainsi, les quelques Noirs dealers concentrés en des endroits limités du centre-ville deviennent les envahisseurs de toute la ville.

En outre, le texte d’annonce du reportage, sur le site de la RTSR, indique fièrement que l’équipe de Temps Présent a suivi pendant 70 jours des inspecteurs de la Brigade des stupéfiants qui « traquent constamment les deals et les dealers, les gros bonnets et les petits vendeurs de rue, ceux que l’on voit et ceux qui se cachent ». Comment apparaissent donc ces différents dealers ? Jugez-en :

- 30 premières minutes uniquement sur les petits dealers des rues, comme par hasard tous Noirs

- 8 minutes sur les « gros bonnets » qui approvisionnent le marché (mais, ici il y a escroquerie : le reportage ne montre et ne parle que de mules, simples passeurs et non « gros bonnets »)

- 4 minutes sur les dealers Blancs (Suisses), des consommateurs-vendeurs (jeunes femmes à la fois accros et vendeuses d’héroïne) doublement en infraction (Loi sur les Stupéfiants, art. 9)

- 4 minutes sur les autres dealers Blancs (Albanais et Maghrébins)

- 3 minutes sur les dealers des drogues de synthèse, les plus dures et n’impliquant pas des Noirs

- 4 dernières minutes à nouveau sur un présumé … dealer Noir, interpellé chez lui torse nu, et qui se retrouve en garde à vue, s’agitant énervé dans sa cellule comme un singe en cage, revêtu d’un T-shirt rouge avec croix blanche (drapeau suisse). Scène fortuite ? …

Ainsi, sur les 54 minutes de cette grotesque mise en scène télévisée, la répartition du temps consacré aux différentes cibles visées par la « Guerre aux dealers » traduit une volonté de donner une visibilité maximale aux Noirs, sans que ne soit démontrée la proportionnalité entre cette visibilité et la gravité de leurs actes, sinon l’importance de leur rôle par rapport aux autres dealers.
Sans aucune distance critique, cette focalisation excessive non justifiée et adroitement mise en scène rejoint celle de la police qui, dans la préparation de son opération lançant la « Guerre aux dealers », vise explicitement à interpeller « les Africains ». Comment les journalistes n’ont-ils pas vu que ces policiers repérant ces « Africains » avant tout par la couleur de la peau pouvaient faire basculer la « chasse aux dealers » en une « chasse aux Noirs en Suisse » ?

La RTSR reçoit régulièrement les communiqués du CRAN s’alarmant sur ces risques. Les journalistes de Temps Présent, connus pour leur rigueur, étaient bien informés. Mais ils ont préféré construire à tout prix un plaidoyer en règle en faveur d’une police potentiellement dans le déni.

Le CRAN invite la RTSR à présenter formellement des excuses publiques aux personnes d’origine africaine blessées dans leur dignité par son reportage raciste regardé aux quatre coins du monde et en Afrique (via TV5Monde). Parallèlement, dénonciation sera faite au Conseil suisse de la Presse.

2. Le CRAN dénonce la criminalisation au faciès des Noirs par la police et l’insécurité qui en découle pour ces derniers.

Un Noir a-t-il encore la liberté de donner rendez-vous à un-e ami-e Blanc/Blanche sur la place publique, à Lausanne, sans être aussitôt repéré, interpellé, plaqué au sol, menotté, embarqué ensuite au poste pour y subir une fouille intégrale et humiliante, y compris - et surtout - anale, avant d’être relâché sans aucune excuse ? Cette mésaventure, tous les Noirs y sont potentiellement exposés, selon des récits qui nous parviennent de ceux qui vivent à Lausanne ou y sont de passage. Pourquoi ce qui est permis à tous/toutes ne l’est pas pour les Noirs qui vivent, travaillent ici et paient des impôts ? D’autant que la Police fait tout pour créer et renforcer ce sentiment d’insécurité ressenti ou vécu par les Noirs. Un sentiment jamais pris en compte non plus par les médias, à l’exemple du reportage de Temps Présent.

CRAN - Lettre ouverte à la RTSR et à la Police lausannoise 6 juin 2013 Page 4 de 8 Au-delà du sentiment d’insécurité ressenti parce que Noir, victime potentielle de maltraitances et arbitraires policiers, il y a le sentiment d’humiliation, de déshumanisation dans la manière dont on est traité dans la rue une fois interpellé. Tout cela converge vers un seul sentiment, celui d’être un
criminel en puissance parce que Noir. Les esclaves Noirs aux Amériques et les Noirs en Afrique du Sud sous régime Blanc ne ressentaient pas autre chose. Mais en Suisse, on préfère exhiber des règles déontologiques de prévention notamment du racisme, mais en même temps des professions, telle la police, se ressourcent régulièrement et allègrement dans ces meurtrissures du passé pour façonner leur posture face au Noir. Avec la bénédiction des supérieurs.

Le CRAN en appelle à votre sens du respect de l’Etat de droit pour cesser avec la complaisance qui caractérise votre regard sur le travail de vos collaborateurs qui s’exécute dans l’arbitraire face à certaines minorités visibles. La visibilité du Noir ne doit pas devenir son identité. Il est possible d’interpeller en respectant la dignité de l’interpellé.

3. Le CRAN dénonce les parcages sur la place publique et dans des postures les plus humiliantes de supposés dealers Noirs interpellés par la police, un retour des zoos humains de sinistre mémoire et d’images dignes de l’Afrique du Sud Blanche raciste Avec la volonté manifeste d’humilier encore mieux les Noirs, presse et police ont pris l’habitude de revisiter la Mémoire meurtrie de ces populations sans penser un seul instant qu’elle mérite un respect inconditionnel, au même titre que les autres Mémoires meurtries.

En 2004, des policiers genevois enivrés par l’impunité de leurs actions anti-Noirs (déshabillages et tabassages en public), n’hésitèrent pas à offenser la Mémoire Noire. En plein jour, sur la place Cornavin, devant un public médusé ou hilare, ils vont s’amuser à pasticher les scènes atroces qui suivaient l’arrestation des esclaves Noirs fugitifs aux Amériques : coloriage et déguisement d’un
policier en négro, affublé d’une perruque afro, simulation par deux collègues d’une arrestation musclée de dealer, avec plaquage au sol et menottes, avant de l’attacher à une voiture de police, gyrophare allumé, et de le traîner derrière eux jusqu’au poste de police de la gare Cornavin. Dénoncés, ils ne se verront reprocher que l’«utilisation du matériel à des fins privées», tandis que la cheffe de la police, Mme Spoerri, n’exigera d’eux que des excuses à leurs collègues (« salis par leur acte ») ainsi qu’à la population genevoise scandalisée. Aucune personnalité politique ni média ne feront allusion à l’offense inqualifiable à la dignité et à la Mémoire des Afro-descendants vivant notamment en Suisse.

Ces transmissions du passé semblent agir au sein d’autres polices suisses, avec la même garantie d’impunité totale. Comme le montre le reportage, il est devenu banal et fréquent de voir la police lausannoise quadriller la place Chauderon ou de la Riponne, interpeller tous les Noirs présents en les plaquant au sol ou aux murs, les fouiller au corps parfois jusqu’au déshabillage avec fouille anale, les garder longtemps assis par terre, menottés, avant de les embarquer enfin au poste à bord de cars de police. Tout cela, devant des badauds attirés par un spectacle qui, dans leur subconscient, fait revivre les zoos humains qui, du 18e au début 20e siècle, dans toute l’Europe, montraient au public des Noirs en cage avec des singes, construisant la banalisation de l’image du Noir ravalé au rang de bête. Le film Venus Noire nous l’a rappelé. Ces images se réfèrent aussi à celles des Noirs d’Afrique du Sud parqués par des policiers Blancs au bénéfice d’un très large permis d’humilier.

Le CRAN vous prie de veiller à ce que cessent ces désinvoltes évocations des meurtrissures du passé au travers des humiliantes et avilissantes exhibitions du Noir dans l’espace public par une police aidée des médias complaisants. Des structures de formation à l’interculturalité (ex. Université populaire africaine en Suisse, UPAF.ch, à Genève) peuvent aider à améliorer les compétences
interculturelles si défaillantes dans la police ou les médias et dont le besoin s’avère crucial.

Le CRAN dénonce l’application différenciée et asymétrique de la Loi sur les
stupéfiants ainsi que le traitement discriminatoire des dealers, selon qu’ils sont
Noirs ou Blancs, les Noirs devenant ainsi les boucs émissaires indiqués pour
déresponsabiliser les Suisses consommateurs de la drogue « A crime égal, criminels égaux ». Ce principe qu’on pourrait tirer de l’article 18 de la Loi sur les
Stupéfiants qui punit de la même peine vendeurs et consommateurs, devient plutôt, lors des opérations policières, « A crime égal, criminels inégaux » ! Car, les polices suisses en général et la police lausannoise en particulier, ne ciblent pratiquement jamais les consommateurs (en général Blancs) avec la même détermination et ostentation qu’à l’égard des jeunes adolescents Noirs des
rues. Jamais n’est lancée contre eux des opérations avec des noms codés et une armada de photographes, cameramen et journalistes. Ce ne sont pas les lieux d’investigation qui manquent ni à Lausanne, ville aux nuits les plus branchées de Suisse romande, ni ailleurs (ex. à Genève : dans la rue Pépinière ; à Berne : Anlaufstelle für DrogengebraucherInnen dans la Holdlerstrasse ; à Olten : Suchthilfe Ost dans la Aerburgstrasse, etc.) où la drogue est consommée au vu et au su de tous.

Du reste, l’analyse des eaux usées montre que, non seulement les villes suisses sont parmi les plus cocaïnomanes du monde, mais qu’en plus le pic grimpe fort en été lors des festivals (Swissinfo, 7.7.2010). Le Festival de Nyon n’a jamais vu la police vaudoise monter une opération avec médias à son service pour y ramasser vendeurs et consommateurs. En 2011, Le Matin (18.8.2011) s’alarmait
devant l’ampleur de la consommation à la Street-Parade de Zürich : 63 000 lignes de coke en deux jours, avec une progression de près de 10% par rapport à 2010 … Nul - et à fortiori la police - n’est censé ignorer la loi, en l’occurrence l’article 18 de la Loi sur les Stupéfiants. C’est donc délibérément que cet article est appliqué de manière discriminatoire sur le terrain par la police, selon que les suspects sont Blancs ou Noirs, contribuant ainsi volontairement à la stigmatisation des Noirs auprès du public et au renforcement des préjugés à leur encontre. Ce ne sont pas ces jeunes Noirs qui ont introduit la consommation des drogues dures en Suisse. 

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Le traitement discriminatoire de la police sur la scène de la drogue ne met pas seulement en avant des dealers Noirs systématiquement pourchassés et des consommateurs Blancs rarement inquiétés. Il porte aussi sur l’ensemble des dealers, Blancs ou Noirs. Le reportage l’illustre bien. Des jeunes femmes Blanches portant la double casquette criminelle de consommatrices et dealers se font interpeller poliment et gentiment par des policiers plaisantant même avec elles.Elles sont même d’emblée innocentées, jugées « vulnérables » et « agissant sous la contrainte » (de dealers maghrébins qui leur fournissent gratuitement leur dose contre un service vente). Car « les policiers veillent à ce qu’il n’y ait pas de dérapages », explique-t-on dans le reportage. Par contre, avec des Noirs rarement violents mais soumis à une violence policière disproportionnée, il n’y a pas place à des circonstances atténuantes !

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Le CRAN vous invite à exiger de vos agents respectifs une lecture totale et non partielle, ni partiale, de la Loi sur les stupéfiants, meilleure boussole sur le terrain aussi bien de la répression que de la médiatisation du trafic de drogue. Le traitement discriminatoire a pour résultat de stigmatiser uniquement et systématiquement les prévenus Noirs aux yeux de l’opinion publique.

5. Le CRAN dénonce enfin l’hypocrisie complice des médias et de la police qui
opposent « impuissance de la police » et « impunité des dealers », sans mettre en avant l’absence totale de toute volonté législative anti-dealers.

Le reportage ne déroge pas à cette hypocrisie constamment criée partout en Suisse : « Les policiers n’en peuvent plus de ces dealers qui les narguent. Arrêtés un jour, relâchés le lendemain ! ». La police et, au-delà, toute la société suisse seraient donc devenues les victimes impuissantes de petits dealers désoeuvrés et marginalisés de rue, contre lesquels les lois autant que la surpopulation carcérale rendraient inopérantes les solutions légales d’un Etat de droit.

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Pourtant, la Suisse est le pays des citoyens législateurs. Des citoyens qui, lorsqu’ils sont indignés, par exemple, peuvent engager immédiatement un processus législatif. L’adoption récente de l’initiative Minder contre la rémunération excessive des managers l’a encore démontré de la manière la plus éclatante, sous le regard admiratif de la planète entière.

Plus fort : le même peuple suisse a été amené, à l’initiative d’un petit groupe, à faire inscrire dans la Constitution fédérale l’interdiction d’un détail architectural (le minaret) dans le paysage suisse. En outre, comme en ce moment, les Suisses s’apprêtent à voter sur une énième initiative populaire contre le droit d’asile, une véritable « hystérie permanente » qui se traduit par des révisions à
répétition des lois sur l’asile.

Pourquoi alors la même « hystérie permanente » entretenue sur les petits dealers Noirs de rue, autant par les médias que par la police, ne se traduit-elle pas aussi par au moins une initiative pour la révision de la Loi sur les Stupéfiants afin de mettre fin à l’ « impunité de ces petits dealers », même si elle aura pour effet collatéral d’entraver de très nombreuses addictions aux drogues, dans nos
sociétés ?

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Le CRAN rappelle aux médias et à la police que l’indignation contre une scène de la drogue éclairée démesurément par le teint noir de certains de ses acteurs, ne peut avoir pour exutoire que la stigmatisation et la détestation du Noir. Les citoyens-législateurs suisses devraient être encouragés à prendre en main leur responsabilité et à être conséquents à cet égard.

En conclusion, nous en appelons à votre sens profond d’éthique de la responsabilité publique et de bonne gouvernance.

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Certes, le silence, l’apathie ou l’indifférence complices des ambassades et autres représentations officielles des pays africains et de l’Union africaine en Suisse agissent sur vous comme de bonnes auspices et des gages d’impunité assurée quant aux violences policières et les stigmatisations des médias
dirigées contre les personnes d’origine africaine. Il est vrai que certaines ambassades ont réagi contre la mort de leurs compatriotes à la suite des brutalités policières. Mais, même si certains diplomates se sont trouvés eux-mêmes, sur une place publique, dans le collimateur d’une police n’opérant qu’au faciès s’agissant d’Africains, ils préfèrent profiter de l’aubaine pour négocier une augmentation de l’aide au CRAN - Lettre ouverte à la RTSR et à la Police lausannoise 6 juin 2013 Page 8 de 8 développement plutôt que d’adresser une protestation officielle ferme face à l’humiliation et aux récurrents dénigrements gratuits et systématiques de l’image de l’Afrique et des Africains en Suisse.

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On est très loin ici d’Etats comme celui d’Israël qui font de l’atteinte à la Mémoire nationale ou à la dignité de leurs ressortissants un quasi casus belli. Il est également évident que la Suisse élèverait les protestations les plus véhémentes si ses ressortissants étaient interpellés et traités sur une place publique en Afrique de la même sorte, comme dans un zoo humain Il n’en reste pas moins que nous évoluons dans un Etat de droit. En plus la police et les médias disposent de codes de déontologie mettant en avant le respect de la personne et de sa dignité en particulier. Nous ne demandons rien d’autre que ce respect. Dans toutes ses dimensions et de manière égale pour tous !

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En vous remerciant de toute l’attention que vous apporterez à ce courrier, nous vous prions de recevoir l’expression de nos sentiments distingués.

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Le Conseil de gestion du CRAN







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