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Quotas sociaux dans les universités brésiliennes
Une nouvelle loi instaure des quotas sociaux et raciaux dans les universités fédérales. Le texte divise. La crainte d’une baisse de niveau est omniprésente.
Il suffit de pénétrer dans l’enceinte des universités publiques brésiliennes pour s’en rendre compte : la population estudiantine n’est pas à l’image de ce pays métissé et inégalitaire. Le recensement national de 2010 avait pourtant marqué un véritable tournant pour que la sixième économie du monde se dote, enfin, d’une élite à l’image de son peuple.
Pour la première fois, plus de la moitié des Brésiliens déclaraient être Noirs ou métis. Cependant, "seulement 8 % des jeunes noirs de 18 à 24 ans fréquentent une université, contre 20 % des Blancs du même âge. La disproportion est grande ", explique Marcelo Paixão, spécialiste des questions raciales et professeur à l’Université fédérale de Rio de Janeiro.
Pour gommer ces inégalités, la présidente Dilma Rousseff a promulgué le 29 août une loi imposant des quotas sociaux et raciaux dans les universités fédérales. D’ici à 2016, elles devront progressivement réserver 50 % des places - "contre 10 % aujourd’hui" - à des étudiants ayant effectué leur secondaire dans le public. Une partie des places sera destinée à des jeunes issus d’une famille modeste, sur critères de revenus. La seconde partie sera attribuée aux étudiants noirs, métis et indiens, en fonction du poids de ces groupes dans la population de chaque Etat.
La réglementation est à la taille du paradoxe : la majorité des étudiants des universités publiques est issue de l’enseignement privé et de familles aisées. "Les jeunes issus du public peuvent présenter l’examen d’entrée à l’université, mais leurs chances de réussite sont faibles. Sur dix jeunes du secondaire, sept étudient dans le public et trois dans le privé. Par contre, dans les universités publiques, sept étudiants sur dix sont issus du privé et trois du public."
L’objectif est donc de permettre aux jeunes dont les familles ne pouvaient payer une école privée, de meilleure qualité, d’accéder aux études supérieures dans le public. La loi mêle quotas sociaux et raciaux car les deux questions sont liées au Brésil : les inégalités touchent surtout les descendants d’esclaves d’origine africaine. "Les plus riches sont généralement Blancs et les plus pauvres, généralement Noirs", confirme le spécialiste.
Après treize ans de débats, la loi adoptée le 7 août au Sénat grave dans le marbre une orientation prise en avril par la Cour Suprême. L’institution avait jugé les quotas raciaux conformes à la Constitution et estimait qu’ils corrigeaient "une dette sociale"héritée de l’esclavage.
Depuis quelques années, certaines universités ont instauré des quotas mais de manière limitée. En 2011, l’Université fédérale de Rio a ainsi mis en place des quotas sociaux - et non raciaux -, réservant 30 % des places à des étudiants issus de l’école publique et de famille modeste.
Même instaurée, la loi demeure controversée. De nombreuses manifestations ont eu lieu ces derniers mois, et le 22 août, des étudiants ont signifié leur opposition au texte en se réunissant devant le palais présidentiel, à Brasilia. Certains tentent donc encore de "préserver le système, qui garantissait leur position".
Certains spécialistes critiquent aussi cette loi, qui porterait atteinte à la notion d’égalité et risquerait d’entraîner une baisse du niveau. Car les jeunes qui vont bénéficier des quotas ont fréquenté l’école publique, où la qualité de l’enseignement s’est écroulée depuis quarante ans. Pour apaiser les critiques, la présidente l’a annoncé : la sélection résultera des résultats à l’Examen national de l’enseignement secondaire. Mais Marcelo Paixão ne le nie pas : maintenir le niveau est un challenge. "C’est un défi de préserver ou d’augmenter la qualité de l’enseignement en ouvrant l’université à un public plus large, à des personnes de conditions sociales différentes. Mais je pense que l’université doit s’adapter à cette nouvelle réalité."
Sources Elodie Guignard / La Libre Belgique
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Le Brésil est un des pays les plus métissés de la planète. Plus d'un citoyen sur deux y possède des origines africaines. Pourtant, les noirs y souffrent de discriminations bien réelles. Au Brésil, les noirs sont fortement sous représentés dans une société aux apparences de "démocratie raciale". Beaucoup militent pour une plus ample reconnaissance sociale et politique de cette "majorité invisible" mais le chemin sera long pour y parvenir. En effet, tous les indicateurs socio-économiques ayant trait á l'éducation, á l'emploi ou à la santé s'affichent largement en défaveur des afro-descendants. La moitié des 50 millions de pauvres au Brésil appartient à la communauté noire. Une inégalité ressentie par la population.
Simon Mocong pour MiA-culture