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Coup d’État militaire au Mali contre le régime d’Amadou Toumany Touré
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Bamako s'est réveillée le matin du 22 mars sans son président de la République, élu en 2002, Amadou Toumani Touré. A la place, une junte, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDR), dont les responsables sont apparus dans la nuit à la télévision publique, envahie la veille.
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Par la voix du lieutenant Amadou Konare, porte-parole du CNRDR, les putschistes ont annoncé «avoir mis fin au régime incompétent et désavoué de Monsieur Amadou Toumani Touré», dont la localisation et le sort sont toujours inconnus.
Ce qui avait d'abord été annoncé comme une mutinerie des militaires du camp de Kati (15km de Bamako), s'est révélé être un coup d'Etat.
Tout est parti d'une rencontre qui a dégénéré entre le ministre de la Défense et ces militaires le 21 mars. Les militaires se sont alors regroupés devant le camp, avant de prendre la direction de Bamako et du palais présidentiel de Koulouba, armés de mitrailleuses et devancés par plusieurs véhicules blindés dont au moins un char d'assaut. Des allers-retours entre Bamako et Kati ont eu lieu toute la journée du mercredi 21 mars, les militaires tirant en l'air pour tester leurs armes.
Dans la soirée, on pouvait entendre des tirs sur la colline surplombant Bamako, où se situe le palais présidentiel, alors que les militaires qui circulaient en ville étaient parfois applaudis par des groupes de jeunes.
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Couvre-feu et coups de feux sporadiques
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Depuis le 22 mars, à 06h00 un couvre-feu a été décrété par la junte. Mêmes si les rues de la capitale étaient, dans la matinée, bien moins animées que d'habitude, les gens sortaient et observaient les véhicules remplis de militaires passer en trombe sur les routes. Des coups de feu sporadiques tirés en l'air se faisaient entendre.
«Je n'ai pas pu dormir cette nuit, raconte un habitant de Banconi, quartier situé sur la rive nord du fleuve Niger. Les militaires ont tiré en l'air jusqu'à trois heures du matin, on les entendait crier et manifester leur joie.»
L'ambassade de France a envoyé à ses ressortissants un «rappel impératif» à rester chez soi par courriel et SMS.
La nuit dernière à la télévision les putschistes ont pris «l'engagement solennel de restaurer le pouvoir à un président démocratiqement élu dès que l'unité nationale et l'intégrité territoriale seront rétablies». L'élection présidentielle, prévue le 29 avril, a donc peu de chance d'avoir lieu, compte tenu de la situation dans le nord du Mali où les rebelles indépendantistes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) s'en prennent, depuis le 17 janvier, à des cibles militaires.
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Suspension de la Constitution
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Le coup d'Etat du 21 mars est la conséquence directe du conflit du Nord-Mali, si l'on en croit les déclarations du CNRDR. Les premières justifications mises en avant par les putschistes sont en effet «l'incapacité notoire du régime à gérer la crise qui sévit au nord du Mali» et«l'inaction du gouvernement à doter de moyens adéquats les forces armées et de sécurité pour accomplir leur mission (...)».
A la mi-janvier des dizaines de militaires maliens avaient été retrouvés morts à Aguelhoc (région de Kidal), «froidement abattus» par le MNLA allié à al-Qaida au Maghreb islamique, selon le gouvernement malien. A la suite de cet événement —que les Maliens ont appris par leurs familles ou par les médias internationaux— de violentes manifestations menées par les familles de militaires avaient éclaté à Kati et Bamako, les 31 janvier et 1er février. Les biens de Touaregs avaient été détruits et des slogans hostiles au président avaient été scandés.
Le CNRDR a annoncé la suspension de Constitution et la dissolution des institutions de la République. Après le renversement de Modibo Keïta en 1968, puis celui de Moussa Traoré en 1991 par Amadou Toumani Touré, le Mali connait donc aujourd'hui son troisième coup d'Etat post-indépendance.
Fabien Offner, à Bamako
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Source: slate Afrique (22.03.2012)
TV5Monde