Cette phrase m’est tombée à l’oreille comme une véritable bombe. Je ne comprenais pas pourquoi ma mère (Africaine) m’avait donné un ultimatum pareil. Mon père (Africain) lui, prêtait moins attention à l’origine de mes petits amis. Jusqu’aujourd’hui, certains mots continuent à hanter mon esprit : « si tu tombes enceinte d’un Noir, tu te débrouilles avec cet enfant. Tu m’as bien compris ? »

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Adulte aujourd’hui, je n’ai toujours pas trouvé le courage de lui demander les raisons de ses mises en garde de l’époque. Par ailleurs, pour me faire ma propre idée, j’ai posé la question sur un réseau social très célèbre, Facebook. L’idée était tout d’abord de sonder un peu ce que les gens pensaient de cela, et également de savoir si d’autres personnes (les filles surtout) avaient vécu la même chose que moi. J’imagine que nos parents ont tout un tas de raisons de nous interdire certaines choses. Mais pour moi, savoir ce qu’en pensaient d’autres personnes sur cette problématique était important.

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Sur le réseau Facebook donc, ma question a été exactement reformulée en ces termes :

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« C’est un sujet qui me tient à cœur, car ça m’est arrivé. Quand j’étais mineur, ma mère m’interdisait formellement de sortir avec un Africain, sous peine de me mettre à la porte. Qu’est-ce que vous en pensez ? Ça vous est déjà arrivé ?? »

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Les réponses ne se sont pas faites attendre ! Par souci de confidentialité, je ne citerai pas les noms ou pseudonymes des personnes qui se sont exprimées sur la question. (Par contre, je mettrai en dessous de cet article quelques extraits de réponses que j’ai pu conserver).

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La première grande réponse à cette question a été formulée en ces termes :

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« Sujet très intéressant pour ma part. Alors moi je sais qu’il fut un temps ma mère me disait : si tu me ramènes un Arabe ou un Africain, je ne veux plus entendre parler de toi ». A croire qu’ils sont différents de nous. J’étais plus jeune, donc j’ignorais totalement ce qu’elle me disait. Un jour, mon ex a eu le malheur de venir frapper à ma porte. Ma mère l’a viré à coup de balai et l’a insulté de tous les noms (c’était un Arabe). Personnellement, je ne comprends pas pourquoi certaines mères réagissent comme ça parfois. Pourtant ma mère n’est pas raciste mais on dirait qu’elle a peur de ce qu’elle ne connait pas. Maintenant je sais que si je lui ramène un homme que j’aime, peu importe la nation, du moment que je suis heureuse même si je sais qu’au début, ça serait sans doute difficile pour elle ».

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Dans cette première intervention, j’ai largement eu la réponse à mes questions ; de savoir que je n’étais pas la seule à avoir eu affaire à ce genre de réflexion.

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Deuxième réponse qui m’a assez frappée :

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« Moi j’en ai une bonne ! Une de mes clientes (ivoirienne) a dit à ma mère l’autre jour «  comment peux-tu accepter que ta fille (ma sœur) soit mariée à un Noir ? Le Noir c’est le mal. Il y a 5% de Blancs mauvais et 5% de Noirs bons !!! J’ai wanda ! Elle a dit : « si ma fille me ramène un Nègre, je la banni ». Elle était sérieuse et je lui ai poliment demandé ce qu’elle ferait si sa fille lui ramenait l’un des 5 % de Noirs. Elle m’a répondu « jamais de la vie ». Je lui ai demandé que, si sous la pression, sa fille larguait l’homme de sa vie et tombait sur le 1/5 de Blanc mauvais ? Elle m’a répondu « je préfère ».

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Cette intervention m’a scandalisé ! Cette maman avait-elle vraiment conscience de la portée de ses paroles ? Comment expliquer qu’elle puisse détester les Noirs au point d’affirmer que 95% des Noirs sont mauvais ? La question reste ouverte.

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Troisième intervention marquante :

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« Oui, ma mère jusqu’à il y a deux ans, a toujours dit qu’elle ne voulait pas que je sorte avec un Noir. Jusqu’à ce que je lui présente un monsieur qu’elle a beaucoup apprécié. La chose qui ressort le plus est : l’amant africain n’est point sérieux. Ce n’est pas une question de richesse ou quoi que ce soit. C’est juste sur le point de l’infidélité et la polygamie. »

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Quatrième et dernière intervention :

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« Ça c’est du sujet ! Dans le monde où on vit, on a 95% de chance d’être en couple mixte, que ce soit sur le plan des origines ou sur le plan religieux. Le tout maintenant c’est de passer au dessus des préjugés. Moi-même ma mère, mais aussi mes tantes et ma grand-mère m’ont toutes conseillé de me méfier des Africains et des Arabes. Je ne pense pas qu’il y avait de réelle méchanceté dans ces propos, ou même du racisme. Le fait est que pour les mamans, être en couple avec un Africain ou un Arabe ça rime avec femme soumise et ça, ça leur fait très peur et c’est compréhensible (…). Maintenant, c’est à nous les jeunes femmes de garder l’esprit ouvert et de ne pas mettre tout le monde dans le même sac, aller à la rencontre de l’autre, et surtout de transmettre au génération un modèle de pensée qui donne à chacun sa chance sans s’arrêter à ses origines ».

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Message d’espoir ?

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Ma mère aurait donc voulu me protéger ? Mais de qui ? De quoi ? Personnellement, je trouve assez scandaleux qu’une maman puisse diriger sa fille vers un « type » particulier de personne, quelles que soient les raisons. Mais bon, chaque parent donne l’éducation qu’il souhaite à sa progéniture.

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Note : Le but de ce récit n’est nullement de pointer qui que ce soit du doigt, ni de choquer ! Les témoignages ci-dessus permettent de faire la lumière sur un sujet qui reste tabou dans certaines familles africaine. Ils permettent également de comprendre un phénomène de société  bien réel dans la diaspora africaine. A bon entendeur !

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Nicole Jimbe