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Vol spécial de Fernand Melgar


Trois ans après avoir remporté un Léopard d’or à Locarno dans la catégorie Cinéastes du Présent avec « La Forteresse », Fernand Melgar gravit un échelon. Car « Vol Spécial » est cette fois nominé en « Compétition Internationale » au même festival. Bouclant la boucle inaugurée avec son précédant documentaire, Melgar filme le destin d’une poignée de requérants d’asile et de clandestins détenus au centre de détention administrative de Frambois (dans le canton de Genève) en attendant d’être renvoyés dans leur pays d’origine. 

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Toujours aussi fin pour capter l’émotion, il place une nouvelle fois sa caméra à hauteur d’homme pour nous livrer un documentaire de qualité, avec ses rires, ses pleurs, ses colères et ses frustrations. Attention toutefois à ne pas voir en « Vol Spécial » ce qu’il n’est pas, à savoir un documentaire sur la question de l’asile en Suisse. Purement humaniste, Fernand Melgar ne s’intéresse qu’à la parcelle humaine d’un problème extrêmement complexe auquel il n’entend pas proposer de solution. Reste à savoir s’il est possible d’évacuer la politique d’un tel sujet sans tromper le spectateur et sans permettre la récupération. 

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Entretien avec Fernand Melgard

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- Après l’arrivée des requérants d’asile en Suisse dans « La Forteresse », vous vous intéressez maintenant à leur départ avec « Vol Spécial ». Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser cette « suite » ? 

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- Quand j’ai fait « La Forteresse » je n’avais pas imaginé faire une suite. J’aurais voulu qu’il n’y ait pas de suite parce que « La Forteresse » était un film porteur d’espoir. A la suite de l’arrestation de mon ami Fahad, j’ai découvert ce qui advenait de ceux à qui on refusait l’asile et aux sans papiers en Suisse. Aujourd’hui, une personne qui est en situation illégale, qui n’a commis aucun crime, peut se retrouver enfermer jusqu’à deux ans en vue de son expulsion. 

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- Quelles leçons avez-vous tiré de la réalisation de « La Forteresse » qui auraient pu modifier votre manière de procéder ?

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- Je fais du documentaire d’auteur, un film après l’autre une œuvre se construit. Si on regarde mon premier film que j’ai tourné il y a 25 ans, d’un film à l’autre, une évolution se fait. Ce qui a radicalement changé sur « Vol Spécial », c’est que pendant 20 ans j’ai travaillé avec le même chef opérateur, Camille Cottagnoud, qui, sur « La Forteresse », a préféré terminer notre collaboration professionnelle. Il avait envie de faire autre chose, j’étais un peu perdu, on a grandi ensemble, il était mon œil. J’ai travaillé avec un nouveau chef opérateur, Denis Jutzeler. Ça reste le même cinéma, c’est un regard qui a un peu changé. Mon intention reste la même mais l’équipe autour de moi est différente. Ca a été une magnifique collaboration sur le tournage. 

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- Pourquoi ne pas avoir indiqué de repères chronologiques précis à l’écran ? 

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- Il y a des repères même si nous n’avons pas de carton à l’image. L’idée était aussi de dire «ça a existé et ça va continuer à exister ». Ces deux mois de tournage correspondent à un moment donné mais ça ne servait à rien de l’inscrire dans une date précise parce que ça continue aujourd’hui exactement de la même manière. 

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- Pourquoi, que ce soit dans « La Forteresse » ou dans « Vol Spécial », focalisez-vous vos documentaires sur l’aspect strictement humain d’un problème aussi complexe que celui de l’asile ?

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- Tout simplement parce qu’aujourd’hui, sur la question de l’asile et sur la question des étrangers en général, on a perdu cette dimension humaine. Représenter l’étranger ou le requérant d’asile, dans le discours politique, c’est le montrer sous forme d’animal. Quand un politicien vous parle des problèmes de l’asile, il vous parle de statistiques. On s’est déconnecté de cette dimension humaine. Derrière chaque chiffre il se joue un drame humain. Mon film est là pour rappeler ça. Quand le citoyen est appelé à voter on lui fait une représentation tellement caricaturale qu’on a perdu cette dimension de l’autre. C’est pour ça que j’inscris mon film dans un rapport d’un homme à un autre homme. 

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- Que répondez-vous aux personnes qui vous reprochent de faire le jeu inverse de celui de l’UDC, en vous concentrant sur « le bon côté du problème » ? 

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- Je ne filme pas le bon côté de la médaille, je montre simplement ce qu’une loi votée démocratiquement peut avoir comme conséquence sur la vie d’êtres humains. Je ne fais pas de film militant. L’UDC dicte une pensée ; ils disent « vous devez voter comme ça parce que c’est comme ça ». Moi je propose une réalité, à chacun d’en tirer ses propres conclusions. A la fin du film il n’y a pas un carton qui vous dit quoi voter aux prochaines votations. Mon discours est complètement ouvert et je crois que tout un chacun, même un militant de l’UDC, peut constater que cette forme de détention est extrêmement coûteuse. Elle coûte 450 francs par jour et un vol spécial coûte 150'000 francs. C’est en plus totalement inutile parce que les gens qu’on expulse reviennent. Je ne fais pas un discours contre l’UDC, je dis juste : attention ce sont des êtres humains et pas des animaux. 

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- Qu’attendez-vous du film ? Des réactions ? Une influence ? 

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- Je n’ai pas l’utopie de penser qu’un film peut changer une société ou les mentalités mais j’ai l’impression que ça contribue à une certaine prise de conscience. Aujourd’hui, un parti monopolise le débat sur la question des immigrés et de l’asile, tous les autres partis sont dans le suivisme de cette dictature. Moi j’offre juste un point de vue différent, j’ouvre un peu les fenêtres dans un lieu clos qui sent le renfermé. 

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- Pourquoi ne pas indiquer, à la fin du film, ce qu’il advient de ces personnes ? 

- Parce que j’avais envie que le film se termine à ce moment là et qu’on soit orphelin de ces personnages. Si, à la fin du film, on se demande ce qu’ils sont devenus, si on s’inquiète pour eux, alors c’est gagné. Ce ne sont plus des moutons noirs sur une affiche mais des êtres humains comme vous et moi pour qui on s’inquiète. 

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Interview gracieusement  partagé par (TG), Daily Movies.ch

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Vol Spécial

De Fernand Melgar

Avec Serge, Ragip, Julius, Wandifa

Look Now

Source: www.daily-movies.ch

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AVANT PREMIÈRE en présence du réalisateur

LA CHAUX DE FONDS Scala, samedi 01.10.11, 17h45

NEUCHÂTEL Bio, samedi 01.10.11, 20h30

NYON Capitole, lundi 03.10.11, 20h15
DELÉMONT La Grange, mercredi 05.10.11, 18h

LE NOIRMONT Cinélucarne, mercredi 05.10.11, 20h30
LA NEUVEVILLE jeudi 06.10.11, 20h

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Simon Mocong

pour MIA-culture

 










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