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Culture(s) :
Dans la commune de Rosarno, les heurts entre immigrés, habitants et forces de l’ordre, qui ont débuté en fin de semaine, se sont poursuivis jusqu’à ce vendredi 8 janvier 2010 au soir. La tension reste très élevée et le bilan des affrontements est de 37 blessés -19 parmi les immigrés et 18 parmi les policiers et carabiniers. Pour tenter de débloquer la situation, 250 immigrés ont été transférés dans la nuit de vendredi à samedi vers le centre d’accueil et d’identification d’Isola Capo Rizzuto, toujours en Calabre. Des renforts de polices sont attendus aux cours des prochaines heures.
Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
A Rosarno, le climat demeure très tendu. Le ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, a décidé d’envoyer un renfort de policiers sur place, parce que si, effectivement, 250 immigrés ont été transférés, « sur leur volonté » selon les déclarations officielles, hors de Rosarno, 600 qui ont trouvé refuge dans une usine désaffectée n’ont pas encore trouvé d’accord avec les autorités locales qui tentent de négocier leur départ de cette ville où l’on peut désormais parler de «chasse aux noirs».
On estime à une centaine le nombre de résidents calabrais, armés de barres de fer et de batons, toujours prêts à vouloir se venger contre les étrangers qui, dans la soirée de mercredi, ont déclenché de violents heurts en brisant des vitres de maison et des vitrines de magasins à coups de bâtons et pierres, en incendiant des voitures et des poubelles, parce qu’un groupe de clandestins a été la cible de tirs d’armes à air comprimé qui ont fait deux blessés parmi eux.
Cela fait des mois que le climat est tendu dans la commune de Rosarno, où chaque année plusieurs milliers d’immigrés ( entre 2500 et 3500), pour la plupart originaires de l’Afrique noire et souvent sans papiers, arrivent pour la récolte des mandarines, clémentines, citrons et oranges qui s’achève au mois de mars.
Ils sont surexploités : quinze heures de travail par jour pour 25 euros, dont 5 sont immédiatement pris par les soldats de la ‘Ndrangheta, la puissante mafia locale. Les immigrants vivent sous des tentes ou dans des bâtiments d’anciennes usines, sans eau, sans électricité, sans sanitaires, sans matelas, entre les rats et la peur… Toute la population ainsi que les autorités locales, connaissent leurs conditions de vie et de travail. Mais c’est la loi du silence qui l’emporte sur le sens de la légalité et le respect des droits de l’Homme.
Cette révolte des esclaves du 3e millénaire, dans une des plus grandes puissances industrielles du monde, devrait aboutir à une prise de conscience de la part du gouvernement qui doit nécessairement prendre des mesures pour mieux réguler les flux d’immigrés saisonniers mais aussi accroître sa lutte contre la collusion entre mafias, entrepreneurs et politiques.